Le Tannat : la patience est la clef
On prête au Madiran et au Tannat des aptitudes colossales au vieillissement — non sans raison. Les vins de Madiran peuvent voir leur courbe évoluer sur trente à quarante ans dans les plus grands millésimes ! (The Wine Doctor)
- La magie du temps lisse les tanins, les intègre à la matière.
- Les arômes passent de la mûre et la cerise noire jeune à des notes de cuir, de sous-bois, de truffe. Certaines cuvées, à l’instar de “La Tyre” du château Montus, livrent une complexité phénoménale après 15-20 ans.
- Les phénomènes d’évaporation et d’oxydation lente, accrus par la micro-oxygénation, facilitent ce travail d’affinage.
Mais le revers existe : mal dosé, le Tannat peut rester dur ou tomber dans la sécheresse s’il manque d’équilibre. Cette fragilité potentielle fait tout le mérite des vignerons talentueux de Madiran et d’Irouléguy, capables de dompter ce titan.
Cabernet Sauvignon : élégance, évolution, longévité
Le Cabernet Sauvignon est, pour beaucoup, le parangon du potentiel de vieillissement grâce à sa combinaison tanins/acidité/structure. Les grandes cuvées médocaines (Pauillac, Margaux…) dépassent sans souci 30, 40, voire 50 années, affichant une évolution qui fascine : le fruit se mue vers la truffe, le cèdre, la boîte à cigare ; la texture devient velours, les tanins fondus.
- La stabilité de ses tanins permet une évolution régulière, sans jamais “s’assécher”.
- Les millésimes intermédiaires révèlent le poivron doux si typique du cépage, alors que les années chaudes favorisent l’abondance du fruit noir.
- Dans le Sud-Ouest (notamment à Buzet, Brulhois ou en assemblage en Madiran), il gagne de la gourmandise sans renier la trame tannique.
À la différence du Tannat, le Cabernet Sauvignon, même issu de zones chaudes, conserve en général une tension acide qui le protège de l’oxydation précoce — sa force réside dans une lente maturité plutôt que dans une puissance explosive.